Bien qu’il donne m’apparence d’avoir été élevé d’un seul jet, ce clocher a été en fait construit en 2 étapes éloignées l’une de l’autre. Très peu de documents existent. L’abbé ESTRADE n’en parle pas dans ses mémoires.
Un document établi sur papier timbré portant en filigrane la date « 1871 » indique « qu’une souscription pour la construction du 1er étage du clocher de l’Union a été ouverte ». Ce document précise que le devis s’élève à la somme de 2500 francs- 61 personnes y ont souscrit.
Néanmoins le procès verbal du conseil de fabrique du 5 janvier 1873 nous éclaire sur l’état des lieux. En effet, il dit »la fabrique a été obligée de faire des constructions que lui rendait indispensables l’état d’une église non achevée et malgré toute son économie et la générosité des paroissiens… »
« Or de nouvelles dépenses sont devenues nécessaires pour des travaux qu’il serait imprudent d’ajourner, tels sont la construction des dalles, l’achèvement du clocher… »
Le rédacteur poursuit : « ….dans l’intérêt d’un édifice qui est communal en même temps qu’il est paroissial, il est du devoir de la fabrique de faire connaître cet état de choses au conseil municipal… de lui demander qu’il veuille bien se charger de faire exécuter les travaux en question ».
Le 20 avril 1873, le conseil de fabrique renouvelle sa demande….
« qu’il plaise au conseil municipal de l’Union de faire construire les chenaux, les tuyaux de conduite des eaux de l’église paroissiale et de faire terminer le clocher ».
Donc à cette date, le clocher n’est pas construit, du moins pas entièrement. En effet, le 26 février 1873 l’architecte Mr RAYNAUD établit un décompte des travaux exécutés au clocher par le Sieur BARREAU Junior, entrepreneur, s’élevant à 1990 francs « et que le 6 juillet 1873 le conseil de fabrique dit dans son procès verbal :
« le total des travaux du 1er étage du clocher s’est élevé à la somme de 1990 francs non compris les honoraires de l’architecte et qu’il restait encore dû à Mr BARREAU la somme de 236 francs ».
Cette opération est retracée en dépenses au registre des recettes et dépenses du conseil de fabrique au titre de dépenses extraordinaires du 2ème trimestre de 1873 ».
La cloche, ou tout au moins une partie, est donc en place en 1873 ; or l’abbé ESTRADE dit que le 15 décembre 1862, une cloche a été bénie. Il n’en dit pas plus ni sur les lieux ni sur la cérémonie.
Qu’en est-il donc de cette contradiction apparente ?
Pour résoudre l’énigme il faut monter dans le clocher. On y accède par un escalier en colimaçon placé dans la tour d’angle.
Les premières 29 marches permettent d’accéder à la tribune de l’église sur laquelle donne la grande rosace. Il faut encore 58 marches pour gagner le premier niveau du clocher soit un total de 87 marches. A cet endroit, une petite porte percée dans la courbure de la tourelle et fermée par une grille galbée permet d’accéder à un chemin de ronde très étroit qui court autour de la masse du beffroi.
A l’intérieur de celui-ci est construit un bâti de grosses poutres appuyé sur le sol formant le plafond de la tribune, plafond percé d’une trappe ronde.
Ce bâti supporte une énorme cloche grisâtre qui occupe la totalité de l’espace.
Cette cloche provient des aciéries de Jacob HOLZER à UNIEUX (Loire) et porte comme devise :
« Gloire à Dieu dans les siècles ».
Achetée d’occasion, elle ne porte pas de nom de parrain et marraine. Si elle était en bronze, elle pèserait 1650 kilos (estimation faite par Mr LAPASSADE de Fonsegrives).
Il s’agit sans nul doute de celle dont l’abbé ESTRADE dit
« le 15 décembre 1862, une cloche a été bénie ».
Sont suspendues un peu plus haut 3 autres cloches plus petites pesant de 160 à 380 kilos (description dans la Croix du Midi du 25 avril 1967).
Ces cloches ont été placées sous le pastorat de l’abbé Saturnin ESPIE (1919-1939).
Sur l’une de ces cloches (Ré) on peut lire la devise :
« Ad majorem Dei gloriam »
ainsi que le nom des donateurs (Philippe PELLAUZI, CORBARIEU,ABADIE, BERIS) ainsi qu’une indication très importante
« Amédée VINEL, fondeur à Toulouse -1923"
Son atelier se trouvait 11 bis, chemin Lapoujade à Bonnefoy, non loin du pont de la gare Raynal.
Pendant près de 60 ans, l’église n’a donc possédé qu’une seule cloche, fait confirmé par le registre des comptes du conseil de fabrique qui début 1871
« fait réparer le battant de la cloche, a acheté fin 1871 une corde de 16 mètres pour la cloche, tandis qu’en avril 1872, BARREAU Junior change les petites pièces qui soutenaient la cloche ».
Pendant une dizaine d’années, l’église et sa cloche montée sur la plate-forme qui la supporte eurent l’aspect que l’on connaît à ertaines églises du Languedoc ou de Provence, avec leur cloche unique suspendue à un bâti métallique. Si bien que la Vox Populi n’hésita pas à désigner l’église de l’Union, dédiée à saint Jean Baptiste sous le nom de saint Jean le Décapité, allusion au martyr du saint et au clocher inachevé.
En effet, nous avons vu plus haut que’à la suite d’une intervention du conseil de fabrique auprès de la municipalité, le clocher avit été terminé à l’été 1873. On régla même le 7 janvier 1874 à Monsieur Ambroise RAYNAUD le paratonnerre et la croix placés au clocher
« et quelques jours plus tard on paiera DUPONT Fils, SALVY et MILLET pour le creusement du puits du paratonnerre ».
Lorsqu’en 1923 ou peu après (la mémoire des témoins de l’époque est imprécise) - ils avaient parrains et marraines entre 11 et 14 ans le jour de la cérémonie
« nous étions en culottes courtes"
précise l’un d’eux, lorsque donc on plaça les 3 cloches plus petites leur faible volume permit de les faire passer sans doute par les ouvertures du beffroi encore que rien ne vienne confirmer cette méthode.
Un petit carillon était né, insuffisant aux oreilles du Père ALAZARD, mélomane et instrumentiste, qui déplorera, lorsqu’il fut curé de l’Union que ce carillon ne permette pas « faute de 2 petites notes » de jouer « pas mal de cantiques et même des sonneries civiles ».
Le vœu du Père ALAZARD allait être exaucé mais beaucoup plus tard…
En effet sous le pastorat du Père Adrien DELFAU,
le 17 septembre 1995, l’archevêque de Toulouse, Mgr André COLLINI, concélèbre une messe en présence d’une foule si importante que l’église et ses chapelles se révélèrent bien trop exigües et qu’il fallut insonoriser le parvis pour permettre à la foule de suivre l’office.
Dès après, eut lieu la bénédiction de 8 nouvelles cloches financées par la municipalité (Monsieur BEYNEY maire de L’Union) et par l’importante contribution de généreux donateurs. Ces cloches furent montées quelques jours plus tard, dans le 2ème étage du clocher sur un bâti et un plancher aménagés par l’entreprise LAPASSADE, celle-là même qui avait jadis électrifiée les premières cloches, lorsque la dernière sonneuse ne fut plus en mesure d’assurer sa fonction. En effet,
Ce fut un travail extraordinaire demandant une minutie et une attention extrêmes pour faire monter grâce à des palans et des câbles-guides, les cloches posées dans l’église jusqu’à la tribune d’abord et de là, les hisser par la trappe jusqu’à leur place définitive.
A titre indicatif, il a fallu 48 heures pour mettre en place le bourdon de près de 700 kilos, en le faisant progresser millimètre par millimètre.
Il nous a paru utile de faire un rapide descriptif de ce carillon comprenant désormais 12 cloches.
Nous verrons plus tard qu’une treizième viendra un peu plus tard compléter l’ensemble prévu.
· La première fut bénie le 15 décembre 1862 sous le pastorat de l’abbé Gratien ESTRADE
Mgr Julien Florian DESPREZ (archevêque de Toulouse de 1859-1895)
en l’épiscopat de Mgr Julien Florian DESPREZ. Elle sonne en FA. Achetée d’occasion elle ne porte pas de nom ni de parrain ni de marraine.
· Trois autres cloches furent posées sous le pastorat de l’abbé Saturnin ESPIE (mort le 29 juillet 1939). Vraisemblablement en 1925 ou 1926, selon les témoins de l’époque. Le maire de l’Union était Casimir LOMBES.
- L’une sonne en SI bémol et porte l’inscription « de la foudre et de la tempête, délivre-nous Seigneur », « je me nomme Antoinette-Sernine » Elle a pour parrain et marraine Henri CUQ et Anne Marie LOMBES.
- Une autre sonne en DO et porte l’inscription « Donne la paix Seigneur ». « Je me nomme Honorine ». Elle a pour parrain et marraine Pierre PY et Madeleine CAFFORT.
- La troisième enfin sonne le RE, elle porte l’inscription « Ad majorem Dei gloria » « Je me nomme Germaine ». Elle a pour parrain et marraine Julien JEAN et Odette Marie ANDRIEU. En outre elle porte la mention précieuse du fondeur : Amédée VINEL à Toulouse-1923.
Il faudra attendre le 17 septembre 1995 pour que les 8 cloches suivantes soient hissées dans le clocher. Elles ont été fondues dans les ateliers BOLLEE à Orléans ;
Ces 8 cloches sont, toutes placées sous l’invocation de Marie, sont vouées aux donateurs généreux et pasteurs qui se sont succédés à L’Union au cours des cinquante dernières années. En voici les caractéristiques et les devises.
MARIE
« Que ma voix soit l’écho de vous tous et de vous toutes
O Christ ressuscité, exauce-nous ! »
FA - 800kg
MARIE-ANDREE-HENRIETTE-JOSEPH
"De L’Union notre voix parvient jusqu’au ciel !"
SOL - 550kg
MARIE-JEAN-HENRI-PIERRE
« Que tes œuvres sont belles, que tes œuvres sont grandes Seigneur ! »
LA - 390kg
MARIE-JACQUES
"Joie- Paix-Réconciliation entre tous !"
SI - 320 kg
MARIE-ANDRE
"La gloire de Dieu… c’est l’homme vivant !"
MI - 110 kg
MARIE-BRUNO
"Terre et Ciel chantent ton Seigneur !"
RE dièse - 115 kg
MARIE-ADRIEN
"Bienvenue à tous ! que je vous apporte mon aide !"
FA - 100 kg
MARIE-DANIEL
"Avec toutes mes sœurs je tâcherai d’être harmonieuse !"
SOL - 75 kg